Comment rester insensible à la puissance qui se dégage d'un orgue, instrument complexe et majestueux ? Et comment ne pas être empreint de mysticisme à son écoute, d'autant que l'organiste joue à l'abri des regards?
Celui de la cathédrale d'Orléans – conçu par le célèbre facteur de la deuxième moitié du 19e siècle : Cavaillé-Coll – a ceci de particulier qu'il sonne exactement comme en 1880, année de son inauguration, malgré les dommages causés par les aléas de l'Histoire et les restaurations plus que douteuses du siècle dernier.
Au cours de la dernière grande restauration, entre 2004 et 2007, il aura en effet fallu tout le savoir-faire du facteur Bernard Hurvy pour que l'instrument retrouve le son d'origine. Le soin mis dans les travaux en valait la chandelle, car le son exceptionnel de ce monument historique attire aujourd'hui les organistes du monde entier.
J'ai eu l'occasion d'entendre son souffle le 8 juillet dernier, lors du mariage d'un couple d'amis. La fameuse "Marche nuptiale" de Félix Mendelssohn m'a prise aux tripes. On est très loin d'un enregistrement sur clé USB.
Pour voir qui était aux commandes de la console - terme désignant les claviers et diverses commandes - j'ai pris contact avec l'organiste Gildas Harnois. Ce fut l'occasion de découvrir son parcours, d'en savoir un peu plus sur cet instrument d'exception, à la fois puissant et fragile, et sur le festival "Au son des orgues", dont c'est la 26e édition cette année.
LNO: Gildas, il y a quelque chose de très touchant lorsque l'on se rend compte de la complexité mais aussi de la fragilité de l'orgue.
Gildas: Oui, l'orgue est un instrument imposant mais qui possède une mécanique très complexe. C'est pourquoi son entretien est exigeant.
L'avant de l'orgue et "l'envers du décors"
LNO: Qu'est-ce qui vous a amené à jouer de cet instrument?
Gildas: Dans mon parcours de musicien, j'ai choisi d'apprendre la flûte traversière. Je suis passé par le Conservatoire d'Orléans, avant de me diriger vers celui de Paris pour la direction d'orchestre. Ce n'est qu'à l'âge de 17 ans que j'ai découvert la puissance vibratoire et la beauté de l'orgue, lui aussi instrument à vent, alors que je me trouvais à un concert. J'ai alors travaillé ces deux instruments de façon intensive et malgré tout, il m'aura fallu plus de dix ans pour savoir jouer de l'orgue correctement, car c'est un orchestre à lui tout seul.
LNO: Votre activité principale est d'ailleurs celle de chef d'orchestre.
Gildas: Oui, je suis effectivement chef d'orchestre de la Musique des gardiens de la paix de la Préfecture de police de Paris. J'aime que la musique s'exprime sous ma direction à travers des instruments à vent ou des tuyaux. Face aux musiciens, je suis à découvert, tandis que devant le clavier de l'orgue, je suis à l'abri des regards. C'est libérateur.
LNO: Lors de quelles occasions jouez-vous?
Gildas: Avec les deux autres organistes de la cathédrale, Arnaud Riffet et Olivier Salandini, nous jouons pour les messes le week-end, pour les mariages, les obsèques ou bien les cérémonies exceptionnelles. Personnellement, je trouve enrichissant d'accompagner les gens à des moments importants de leur vie.
LNO: Cet été, à l'occasion du festival Au son des orgues, vous partagez le clavier avec des organistes du monde entier: un Américain, des Français, un Britannique, un Suisse...
Gildas: En effet, le Comité des orgues de la cathédrale convie chaque année depuis sa création en 1974 des organistes d'ici et d'ailleurs afin de promouvoir le grand orgue symphonique de la cathédrale d'Orléans. Cette année, le thème du festival est "Chants de paix". L'idée est que les organistes puissent traduire à travers le choix de certains morceaux ce qui, pour eux, peut évoquer la paix. Ce festival a lieu tous les dimanches à partir de 16h30 du 9 juillet au 27 août. Ceux qui le souhaitent peuvent par ailleurs bénéficier d'une visite chaque dimanche de 15h à 16h en réservant auprès de l'Office du tourisme.
La Nouvelle-Orléanaise
Retrouvez le programme du festival en cliquant ici (site d'Orléans Métropole)
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